Que de forêts, dans « Jeanne d’Arc » ! Le Bois-Chenu derrière la maison natale de Domrémy, la forêt qui jouxte Orléans, cette autre aux abords de Beaugency, celle-ci non loin de Paris…
J’aurais pu aller voir de quoi chacune avait l’air. Qu’y aurais-je trouvé ? Une de ces forêts chétives d’aujourd’hui, sans rien de commun avec celles d’hier, qui couvraient alors une grande partie du territoire.
J’ai donc préféré en inventer une, à partir de photos d’arbres et de sous-bois prises à Lorient, à Fontainebleau, au Mont Beuvray et en Touraine ; en regardant, aussi, les illustrations de Bilibine. C’est dire que je n’ai pas représenté la forêt, mais l’idée de la forêt ; une forêt irréelle, puisque non réaliste, plus à même d’évoquer la forêt médiévale, plus à même aussi de traduire son mystère.
Essayons de la voir avec les yeux de ses contemporains : à la fois bienveillante – elle assure le bois de chauffe, les baies et les plantes – et menaçante - touffue et sombre, habitée d’animaux sauvages ; et, quand on s’y perd, peuplée de fées et de sorcières…
Prêter vie à l’inanimé, souffle à l’immobile, voir des présences dans les formes, en avoir peur ou se sentir protégé par elles : la pensée magique, propre au « primitif » comme à l’enfant, est ici à l’œuvre. Cette forêt enchantée, envoûtante, n’a plus qu’à devenir un personnage à part entière.
Détails planches 7, 13, 41 et 42
© Dupuis/Puchol/Mangin
Couleurs : Elvire de Cock
J'ai écrit ce texte pour le catalogue du 1er Festival de la planche originale qui aura lieu le week-end de l'Ascension, à l'Ecole des Filles, au Huelgoat. Au menu : exposition vente d'originaux, tables rondes et séances de dédicace. Tous les détails en cliquant ici.
Ce festival sera suivi d'un accrochage qui durera tout l'été jusqu'au 26 septembre. Fédérées autour du thème "L'arbre qui cache la forêt", se côtoieront les œuvres de vingt-sept artistes modernes, dix-huit artistes contemporains et vingt-six auteurs de bande dessinée. Pour en savoir plus ou télécharger le dossier de présentation, c'est par ici
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