lundi 15 février 2010

Le Vampire ou "Merci, Monsieur Sander"

Lorsque je commence la création des personnages de "Vampire" en novembre 2008, je me retrouve confrontée à la même difficulté que pour "le Docteur Petiot" : faire coexister, et rendre crédibles sur la feuille, des personnages réels - pour lesquels je dispose ou non de documents d'époque - et des personnages fictifs.

Je trouve quelques photos de Peter Kürten, en petit nombre, non datées et passablement contradictoires quant à l'aspect réel du meurtrier : était-il maigre ou gros, moustachu ou non ?


 

 

Caprice et ironie d'internet : ce n'est qu'après avoir fini l'album que je découvrirai un document fiable - c'est-à-dire daté et à l'endroit.


Je glane quelques photos de victimes : Maria Hahn, Frau Meiner, qui n'apparaît pas dans l'album, la petite Gertrude Albermann...


Après une recherche pointue pour découvrir le nom du maire de Düsseldorf à l'époque des faits - eh oui, qu'est-ce que vous croyez ?... - je mets la main sur ce magnifique portrait de Robert Lehr - en effet, c'est son nom.


Mais reste encore à faire naître toute une ribambelle de visages pour autant de personnages réels ou fictifs.

J'ai la bonne idée de me souvenir alors qu'August Sander (1876-1964), cet immense photographe, a travaillé en Allemagne précisément dans ces années-là et dans la région de Köln, ville toute proche de Düsseldorf. Sa collection de portraits d'enfants, de femmes et d'hommes allemands est restée sans équivalent dans l'histoire de la photographie. Son but était d'"offrir par le moyen de la photographie une image absolument fidèle de notre époque" (l'époque en question allant quand même de l'empire aux débuts de l'Allemagne fédérale). Répartis selon les différentes catégories socio-professionnelles, quatre cent trente et un de ces portraits sont réunis dans le beau livre "Hommes du XXe siècle", publié au Chêne en 1980.

Et c'est ainsi qu'une jeune mère prêtera ses traits à la jeune femme du cinéma,













qu'un ingénieur et un forgeron de Wuppertal m'inspireront respectivement les inspecteurs Meister et Müller,


 


qu'une paysanne de Westerwald deviendra Eva Flake,













qu'un jeune paysan endossera le rôle de Strausberg, un gérant celui du commissaire principal,






























qu'un industriel de Düren et un jeune homme serviront de modèles pour le rédacteur en chef du Düsseldorfer Anzeiger et son assistant, 
 














qu'une jeune paysanne campera Maria Budlich,


et que deux avocats de Köln seront l'un le président du tribunal et l'autre l'avocat du Vampire.


Toutes les photos d'August Sander © Schirmer/Mosel
Extraits de l'album Le Vampire, scénario Rodolphe, couleurs L. Yerathel © Casterman

Est-il utile d'ajouter que j'ai une véritable vénération pour August Sander, à mes yeux un des plus grands portraitistes du siècle dernier ? Merci, Monsieur Sander.

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